Les temps sont durs pour Haïti. Le pays traverse l’un des moments les plus sombres de son histoire. La faim, l’insécurité, la prolifération des gangs armés, l’inflation, la pauvreté, le choléra font les grands titres de la presse. Les villes sont barricadées. Le peuple est debout derrière les pneus enflammés pour exiger le respect de ses droits élémentaires et exprimer son ras-le-bol face à la mauvaise gouvernance de l’État et l’augmentation du coût de la vie.
L’espoir, qui éclairait encore les plus optimistes, a déménagé depuis peu sur les visages burinés par la peur, la misère et la soif. On se demande, perplexes, quel chemin prendre pour une sortie de crise ?
Au milieu de ce chaos, chacun essaie de trouver bien que mal une réponse, mais, la vérité, est qu’en ces temps d’ébullitions et de prise de conscience, tous semblent s’accorder sur un point crucial : « La seule solution au problème d’Haïti est l’haïtien ». Voilà pourquoi des hommes et des femmes ordinaires choisissent d’œuvrer dans le noir pour soutenir la dernière poutre de l’édifice social. Et c’est bien dans ce panorama d’ouvriers de l’ombre que se dessine la figure de Benjy Oricia, un jeune dévoué et dynamique.
Né dans la cité christophienne le 8 février 1989, plus précisément dans le quartier populaire de La Fossette, Benjy développe très tôt un amour remarquable pour le football, ce sport qui lui inculque les premières notions sur l’importance de la solidarité, de l’entraide, de la coopération dans une société en décomposition.
Plus tard, il fréquente l’alliance française, où il apprend à maitriser la langue de Molière et l’art oratoire. Il montre à partir de cette époque une certaine éloquence et un charisme qui lui valent le surnom de Jules César par ses proches du Lycée National Philippe Guerrier dont il devient le président.
Il intègre en 2010 l’APS (Association Presse Synergia) un journal interscolaire où il se fait remarquer par son attachement pour la transmission du savoir.
L’enfant de La Fossette – qui voulait porter plus loin sa voix et la mettre au service des damnés de la masse, des déshérités qui subissent jour et nuit les abus d’un système inégalitaire – est pourtant loin d’être satisfait de ses prouesses. Il s’inscrit à la faculté des sciences juridiques du Cap-Haïtien et passe le concours d’admission avec brio.
Benjy est de ces jeunes qui croient que le changement d’Haïti dépend inévitablement de la participation de chaque citoyen dans la lutte pour effacer le schéma néocolonialiste selon lequel est construite la société haïtienne, il s’engage, de là, à sa façon dans la bataille pour renverser l’ordre des choses. Président de GHEP (Groupement des Étudiants Haïtiens pour le Progrès), il ne rate jamais l’occasion d’instiguer les jeunes, de les pousser à croire en l’Haïti de demain. L’Haïti où le fils du cordonnier pourra jouir des mêmes droits que le fils du sénateur.
Cependant, malgré son parcours académique parsemé de succès, il n’abandonne jamais sa passion du ballon rond, il se fait commentateur sportif et devient vice-président de l’AJSN (Association des Journalistes Sportifs du Nord). Actuellement, il est le secrétaire général adjoint et responsable de communication de l’ASC (Association Sportive Capoise), fonction grâce à laquelle il a pu visiter plusieurs pays de la Caraïbe, pour représenter Haïti et parfaire ses expériences.
Sans dithyrambe, à l’heure où la jeunesse haïtienne perd de plus en plus confiance en l’avenir, Benjy est l’un de ces modèles remarquables à suivre pour son engagement et son sens du devoir. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’il aime répéter cette phrase latine que prononçaient jadis les gladiateurs pour saluer Jules César avant le combat ‘‘MORITURI TE SALUTANT’’ (Ceux qui vont mourir te saluent), ce mordu du football est prêt à tous les sacrifices pour défendre la bonne cause.