Haïti : Les journalistes et influenceurs sociaux en panne d’éthique et de moralité

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Alors que les journalistes et influenceurs des réseaux sociaux sans scrupules ni patriotisme prolifèrent en Haïti comme des adventices, il est de bon usage de les sensibiliser sur le patriotisme et la culture du bien commun de sorte qu’ils puissent cultiver la tolérance, la science et le respect envers leurs auditeurs, followers et concurrents. Pour la petite histoire, certains journalistes et influenceurs des médias sociaux ne savent pas quand privilégier les interêts communs (collectifs) d’Haïti en lieu et place des intérêts mesquins (groupuscules et individuels). Dans cette perspective, nous nous situons dans une approche de sensibilisation des femmes et hommes de média haïtien à se placer du côté des intérêts du peuple haïtien, c’est-à-dire du côté de la majorité de la population haïtienne, tout en respectant ses auditrices et auditeurs. Car, le but de la presse et des pratiques d’influence n’est pas de faire avaler n’importe quelle information à ses auditeurs et followers sans y contribuer au développement personnel, cognitif et collectif. 

D’après de recherches (Nshombo, 2021), les réseaux sociaux constituent probablement les outils les plus utilisés en matière de transmission d’informations. Pour mieux comprendre l’objectif de l’article, il est utile de définir les concepts de journaliste, média d’information et influenceur des médias sociaux. Cette section permet de faire une décantation entre des pratiques non conventionnelles et traditionnelles du journalisme et de l’influence. 

  • On entend par journaliste : « toute personne qui, exerçant des fonctions journalistiques et ayant pour objectif de servir le public, recherche, collecte, vérifie, traite, commente ou diffuse de l’information destinée à un large public, sur des questions d’intérêt général » (Conseil de presse du Québec, 2015) ;
  • Le média d’information réfère à : « toute entité, peu importe son statut juridique et les unités qu’elle regroupe, qui édite, publie ou diffuse une publication ou des émissions de nature journalistique, en territoire québécois, sans égard au support utilisé, sous réserve des exceptions définies par le conseil de presse du Québec » (Conseil de presse du Québec, 2015) ; 
  • L’influenceur des médias sociaux se veut une « personne qui, par sa position sociale, sa notoriété et/ou son exposition médiatique, a un grand pouvoir d’influence sur l’opinion publique, voire sur les décideurs. Ou une personne qui, en raison de sa popularité et de son expertise dans un domaine donné (mode, par exemple), est capable d’influencer les pratiques de consommation des internautes par les idées qu’elle diffuse sur un blog ou tout autre support interactif (forum, réseau social, etc.) » (Larousse). 

De nos jours, les institutions morales sont en voie de disparition et perdent quasiment toute leur crédibilité tant en Haïti qu’à l’étranger. Parallèlement, les médias haïtiens n’en sont pas exempts. Car, comme les leaders politiques haïtiens, certains médias pro-gouvernementaux et anti-gouvernementaux considèrent leurs adversaires comme des ennemis en guise de compétiteurs qu’ils peuvent influencer à poser de bonnes actions en faveur du peuple haïtien. En guise de cela, des journalistes et influenceurs profitent de faire leur beurre dans des eaux troubles et stagnantes malgré l’extrême pauvreté dans laquelle vivent plus de 60 % de la population d’Haïti.

On entend par média des moyens de distribution, de diffusion ou de communication interpersonnelle, de masse ou de groupe, d’œuvres, de documents, ou de messages écrits, visuels, sonores ou audiovisuels. En ce sens, la radio, la télévision, le cinéma, l’Internet, la presse, les télécommunications sont des médias. Ils permettent diffuser des informations. Néanmoins, si le but des supports de communication (médias) doit être d’informer, de montrer l’information de manière cohérente et de générer un canal de communication entre l’expéditeur et le destinataire, cela n’a pas toujours été le cas en Haïti. Car, des groupes de l’oligarchie non patriote créent des médias et achètent le service d’autres médias afin de s’en servir comme moyen de pressions sur les gouvernements haïtiens et d’apaisement du peuple haïtien dans des moments de révoltes sociopolitiques.

Les médias haïtiens, qui devraient aider dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie de la grande majorité de la population haïtienne, travaillent plutôt pour l’oligarchie non productive et non patriote, ce à des fins groupuscules mais non en faveur du peuple haïtien. Ces médias vont jusqu’à déstabiliser les politiques de certains citoyens haïtiens afin de laisser la voie libre à leurs patrons oligarques. Dans cette optique, nous aimerions rappeler aux journalistes et influenceurs des médias sociaux (Facebook, Twitter, TikTok, Instagram, Snapchat, etc.) que rien ne sert d’être journalistes et influenceurs si l’on ne peut pas aider son pays à se relever progressivement et durablement. Rapellons que le réseau social professionnel LinkedIn renferme peu d’Haitiens ayant un compte. 

En Haiti, il existe surtout des journalistes d’opinion et rarement des journalistes de fait. Fondamentalement, il existe deux genres journalistiques ayant chacun leurs exigences propres : le journalisme factuel et le journalisme d’opinion. Pour la petite histoire, le journaliste factuel rapporte les faits et les événements et les situe dans leur contexte de manière exacte, rigoureuse, impartiale, équilibrée et complète. Le journaliste d’opinion exprime ses points de vue, commentaires, prises de position, critiques ou opinions en disposant, pour ce faire, d’une grande latitude dans le choix du ton et du style qu’il adopte. Par ailleurs, le journaliste d’opinion expose les faits les plus pertinents sur lesquels il fonde son opinion, à moins que ceux-ci ne soient déjà connus du public, et doit expliciter le raisonnement qui la justifie de manière exacte, rigoureuse et complète. Tous les deux genres de journalistes ne doivent pas pratiquer le plagiat. 

Quels sont les avantages des médias ?

Outre que les médias traditionnels, les réseaux sociaux occupent une grande place dans la vie des haitiens, même chez ceux qui y étaient plus réticents au début contre les médias sociaux. D’ailleurs, meme les institutions morales comme les églises par exemple se connectent à un réseau social. En conséquence, les jeunes comme les adultes utilisent pour se socialiser, s’informer, se rapprocher de ceux qu’on aime, partager, dénoncer et faire évoluer notre monde, développer de nouvelles relations et briser la solitude. Toutefois, il semble que les pays les moins avancés sont incapables de controler les réseaux sociaux dans leur pays au point que meme des mineurs y créent leur compte. Ceci dit que les avantages sont nombreux, mais les inconvénients en sont nombreux également. Voici quelques avantages des médias généralement ? 

  • La possibilité d’être informé rapidement et facilement par la presse, la radio, la télévision ou les portails numériques ;
  • L’opinion est l’une des options possibles, car dans la plupart des médias dans leurs médias numériques, ils autorisent les commentaires des gens, et plus encore s’ils ont leur propre profil sur les réseaux sociaux afin qu’un débat puisse être créé sur certaines nouvelles de grand impact ;
  • Grâce aux nouvelles technologies, la communication est plus bidirectionnelle, vous pouvez commenter l’actualité, et l’enregistrer. Auparavant, c’était impossible à faire ;
  • Ils offrent des divertissements ainsi que des informations. Vous pouvez trouver des films, des séries et une grande variété d’options pour passer du temps libre en famille, par exemple ;
  • La transmission des faits se fait en temps réel, et vous permet de vous tenir au courant de toute l’actualité qui existe partout dans le monde ;
  • Ce sont des moyens idéaux de diffusion massive, en plus, cela permet de réduire le fossé culturel ;
  • Ils offrent la possibilité aux entreprises et aux entreprises d’y inclure leur publicité car grâce à cela, ils peuvent promouvoir leurs produits et toucher un grand nombre de personnes.

Quels sont les inconvénients des médias ?

Les inconvénients des réseaux sociaux ? On en parle vraiment beaucoup. Par contre, bien qu’ils apportent de nombreux avantages, ils sont capables du meilleur comme du pire. En ce sens, les medias sociaux particulièrement facilitent l’intimidation et le harcèlement, la pédophilie et la pornographie juvénile, aménuisement de la vie professionnelle et privée, la cybercriminalité, la désinformation, la baisse d’estime de soi, l’isolement et la radicalisation, et la dépendance ou meiux encore la cyberdépendance. Voici quelques inconvénients des médias généralement ? 

  • Les informations peuvent être fausses ou exactes. Cela signifie que de nombreux médias peuvent diffuser de fausses nouvelles ou manquer de réalité. Le fait qu’elles apparaissent dans un média ne signifie pas que toutes les informations diffusées sont réelles ;
  • De nombreux médias ne sont pas neutres. En fait, certains peuvent avoir une énorme influence sur le traité d’information, pour cette raison ils ont tous leur ligne éditoriale, et selon laquelle ils focaliseront l’actualité d’une manière ou d’une autre. On sait que les partis politiques ont une épée à double tranchant dans les médias : d’une part, l’intérêt qu’ils endoctrinent les masses de manière influente pour leur propre bénéfice, et d’autre part, la crainte que les informations sur leurs réseaux politiques apparaissent peu flatteurs. Il faut donc valoriser le média et savoir qu’une même actualité peut être traitée différemment selon le média qui la publie ;
  • Etc.

Est-ce que les journalistes vont entendre raison pour se mettre au service collectif du peuple haïtien en guise de défendre leurs intérêts individuels et mesquins ?

Considérant les principes moraux du métier de journalisme, vu que l’objectif du journalisme est d’apporter aux citoyens, l’information dont ils ont besoin pour « vivre en êtres libres et autonomes », la profession de journaliste doit nécessairement obéit à des règles « sacro-saintes ». Celles-ci visent à garantir la crédibilité et la noblesse du métier. Ces règles sont au nombre de 9 selon Bill Kovach et Tom Rosenstiel :

  • La première obligation du journalisme est le respect de la vérité ;
  • Il doit servir en priorité les intérêts du citoyen ;
  • Il se doit par essence de vérifier ses informations ;
  • Ses praticiens doivent conserver leur indépendance à l’égard de ceux dont ils relatent l’action ;
  • Il doit exercer sur le pouvoir un contrôle indépendant ;
  • Il doit offrir au public une tribune pour exprimer ses critiques et proposer des compromis ;
  • Il doit s’attacher à donner intérêt et pertinence à ce qui est réellement important ;
  • Il doit fournir une information complète et équilibrée ;
  • Ses praticiens doivent être autorisés à obéir aux impératifs de leur propre conscience.

Quelle est la différence entre éthique et morale ?

Considérant les enjeux sociaux et la dépravation socioprofessionnelle, plusieurs recherches, organismes et Etats essaient de faire la différence entre ce qui est éthique et morale tout en ajustant des règles et déontologie à leur incorporation. Par contre, dans les médias et réseaux sociaux, les valeurs morales et éthiques tendent progressivement à disparaitre. Car, les gens peu éthiques et peu moraux sont les plus suivis et les plus regardés et écoutés malheureusement. En somme, de nos jours, les gens s’intéressent peu aux activités scientifiques, technologiques, intellectuelles et morales. D’abord, pour comprendre la différence entre éthique et morale, il faut connaitre que les mots « morale » et « éthique » se rapportent à la sphère des valeurs et des principes moraux. Selon la Commission de l’éthique en sciences et en technologie (2020), la morale réfère à un ensemble de valeurs et de principes qui permettent de différencier le bien du mal, le juste de l’injuste, l’acceptable de l’inacceptable, et auxquels il faudrait se conformer. Néanmoins, l’éthique, quant à elle, n’est pas un ensemble de valeurs ni de principes en particulier. Il s’agit d’une réflexion argumentée en vue du bien-agir. Elle propose de s’interroger sur les valeurs morales et les principes moraux qui devraient orienter nos actions, dans différentes situations, dans le but d’agir conformément à ceux-ci.

Conclusion 

Ainsi, nous conseillons l’application de ces règles aux journalistes et médias haïtiens. Dans ces règles, il est ressorti le respect de la vérité, les intérêts de la majorité citoyenne, la vérification des informations avant de les diffuser (pas question de conditionnel), l’indépendance et l’impartialité, l’équilibre, la conscience et l’éthique professionnelle. Delà, les journalistes doivent éviter, autant dans leur vie professionnelle que personnelle, tout comportement, engagement, fonction ou tâche qui pourrait les détourner de leur devoir d’indépendance et d’intégrité. Le respect des personnes et des groupes doit etre primé dans le journalisme y compris auprès des influenceurs. Car, les médias et influenceurs doivent traiter avec équité et éthique les personnes et les groupes qui font l’objet de l’information ou avec lesquels ils sont en interaction. Ils ne doivent jamais pratiquer l’irrespect envers quiconque vu qu’il est un modèle pour ses auditeurs, télespectateurs et followers. Comme l’homme est sujet à l’erreur, les médias et influenceurs doivent necessairement corriger avec diligence leurs manquements et erreurs, que ce soit par rectification, exceuse publique, rétractation ou en accordant un droit de réplique aux personnes ou groupes concernés, de manière à les réparer pleinement et rapidement. Pour conclure, il est à rappeler aux médias et influenceurs des médias que la communication éthique permet de fournir des informations fiables, exactes et pertinentes (White, 2016).  

Références 

Bill Kovach et Tom Rosenstiel. (2001). The elements of journalism: What Newspeople Should Know and the public Should Expect, Crown Publishers, New York. 

Commission de l’éthique en sciences et en technologie. (2020). Quelle est la différence entre éthique et morale ?

Conseil de presse du Québec. (2015). Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec. Québec, Canada : Conseil de presse du Québec. 

Nshombo, I. E. (2021). Quand les réseaux sociaux menacent le métier du journaliste: Cas des publications des certains députés et chefs d’État sur Twitter [Travail de master]. Canada : Université d’Ottawa. 

White, A. (2016). Chapitre 7. Le journalisme éthique : une source d’inspiration pour des communications responsables en Europe. Dans : Onur Andreotti éd., Le journalisme à l’épreuve: Menaces, enjeux et perspectives (pp. 209-239). Strasbourg: Conseil de l’Europe. https://doi.org/10.3917/europ.andr.2016.01.0209 

ÉDITEUR / ÉDITRICE

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Marc-Méland VINCENT
Marc-Méland Vincent est sociologue de formation. Il travaille dans les champs de compétences suivants : administration des affaires, animation socioculturelle, opérations électorales. Il fait ses études de baccalauréat en sciences sociales (sociologie) à l'Université d'État d'Haïti (UEH). ________________________ LE SCIENTIFIQUE comme son nom l’indique est une revue de presse scientifique dont sa mission principale est de servir les communautés mondiales en quête de savoir et d’informations, c’est-à-dire du savoir scientifique et socioprofessionnel pour comprendre l’évolution de l’humanité, interpréter les phénomènes qui se développent dans leur environnement dans un esprit scientifique. En d’autres termes, la revue publie des articles scientifiques, professionnels et populaires selon les principes déontologiques, les normes méthodologiques APA. La revue LE SCIENTIFIQUE est diffusée au format électronique grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Elle s’adresse aux lecteurs et aux internautes du monde entier et propose deux articles au moins par semaine autour des questions scientifiques, professionnelles et populaires. La revue est publiée sur le web et également diffusable par email.
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