Mairie du Cap-Haïtien : bonne en communication et mauvaise en gestion territoriale

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Cap-Haïtien est l’un des lieux les plus riches et diversifiés en patrimoines matériel et immatériel. Aussi, cette commune possède une mairie très bonne en communication, toutefois, en tant que commune et chef-lieu du département du Nord, la commune du Cap-Haïtien qui fait seulement 53,50 km2 est en piteux état depuis plus d’une décennie. Les déchets éparpillés partout dans les trois sections communes du Cap-Haïtien rentrent dans le quotidien des Capois y compris des maires, délégués, commissaires, des hommes du secteur politique et privé des affaires de cette ville. La ville du Cap-Haïtien loge également le plus grand abattoir départemental dégageant une odeur puante quotidiennement dans l’agglomération urbaine de Petit-Anse. Les ravines et canaux du Cap-Haïtien servent de sites de décharge aux riverains. Avec un très grand potentiel fiscal, la Mairie du Cap-Haïtien n’est pas capable de bien gérer territorialement la commune. Par contre, la Mairie du Cap-Haïtien n’est pas inefficace à tous les points de vue. Car, elle possède visiblement la meilleure équipe de communication par rapport aux autres mairies du pays et même par rapport à certains organismes publics et déconcentrés de l’État. Ainsi, pourquoi la clameur publique estime-t-elle que la Mairie du Cap-Haïtien obtient la note 10 sur 10 en communication contre 0 sur 10 en gestion territoriale ? Quelles actions devrait poser la Mairie du Cap-Haïtien pour augmenter sa performance en gestion territoriale ?

Comment Cap-Haïtien est devenu l’une des villes la moins gérée territorialement ?

Après les communes de La victoire (31,35 km2) et Bas-Limbé (52,94 km2), la commune du Cap-Haïtien (53,50 km2) est la troisième commune la plus petite en termes de superficie dans le département du Nord qui renferme 19 communes. Néanmoins, Cap-Haïtien vit une situation imperceptible dans son existence au niveau d’insalubrité. De ce fait, la mauvaise gouvernance municipale est la principale cause de cet état d’insalubrité de la ville du Cap-Haïtien.

Pourquoi la Mairie du Cap-Haïtien détient-elle la meilleure performance en communication ?

Il n’est un secret pour personne dans le pays que la commune du Cap-Haïtien possède une bonne performance en communication. Ce succès dépend évidemment de la disponibilité d’un personnel qualifié. Ajouté à l’équipe de communication, l’adjoint au maire, Patrick ALMONOR, a de bonnes compétences en communication et jouit de ses relations avec les médias locaux et nationaux.

Quelles actions devrait poser la Mairie du Cap-Haïtien pour augmenter sa performance en gestion territoriale ?

La mise en œuvre de diverses actions dans les communes (municipalités) haïtiennes requiert des moyens matériels, financiers, technologiques et humains (ressources humaines qualifiées). Toutefois, depuis la chute des Duvaliers, la population et les autorités haïtiennes perdent le sens des notions de la culture citoyenne et du bien commun. Comme l’administration centrale (exécutif = présidence et gouvernement), l’administration des collectivités territoriales (commune et sections communales) via les Mairies et les Conseils de l’Administration des Sections Communales (CASEC) n’est pas exempte de la crise de gouvernance que fait face Haïti. D’une part, les administrations communales exigent aux contribuables des redevances alors que cette population exige des services sous formes de projets et programmes auprès des administrations municipales.

En conséquence, notre analyse de la situation des administrations municipales et des contribuables montrent que toutes les deux parties peuvent faire des efforts pour le bien commun. D’abord, les contribuables assument qu’ils paieront leurs redevances si et seulement les mairies font des réalisations socioéconomiques et enclenchent le développement des communes. Du côté des mairies, les administrations municipales ne font rien pour collecter les principales taxes et redevances communales. Le cas de la commune du Cap-Haïtien est typique. Car, la mairie du Cap-Haïtien se contente seulement de la contribution des habitants du Centre-Ville du Cap-Haïtien en guise de toutes les trois (3) sections communales. Ainsi, les actions que devrait poser la Mairie du Cap-Haïtien pour augmenter sa performance en gestion territoriale sont :

  • Création d’un site de décharge provisoire en attendant l’implémentation du projet de site de décharge de Limonade ;
  • Relocalisation et construction de l’abattoir de Petit-Anse dans la commune de Milot ou Quartier Morin, et ce dans une zone non résidentielle ;
  • Extension du Marché de Petit-Anse (Abattoir) dans l’espace de l’abattoir de Petit-Anse qui devrait être relocalisé à Milot ou Quartier Morin ;
  • Asphaltage de la route inter communale de Galmant à Madeline pour déboucher le circuit sur la route intérieure de l’abattoir à partir de la zone Nan Gatab. Cette route pourrait aider à décongestionner la circulation sur la route nationale #3 ;
  • Bétonnage et canalisations en maçonnerie de diverses tronçons de route de Madeline, Guy Malary, Nan Gatab, Abattoir, Petit-Anse, Carrefour la chaux, Aviation, Kraze Zo, Fort St-Michel, Haut du Cap, Breda, Vertières, Blue Hills, etc. ;
  • Organisation de concours inter quartiers (habitations) sur la salubrité des habitations ;
  • Asphaltage de concert avec le gouvernement central de la nouvelle route en construction d’Aviation à Rue 5 Boulevard ;
  • Relocalisation et construction du Commissariat de Lòt Bò Pon à Carrefour Madeline dans le terrain déjà réservé à cet effet avec l’aide du secteur privé et de la diaspora du Cap-Haïtien ;
  • Organisation des activités socioculturelles dans toutes les trois sections communales pour créer une bonne cohésion sociale et découvrir de nouveaux talents capois ;
  • Collecter les impôts locaux de la CFPB dans toutes les sections communales du Cap-Haïtien ;
  • Augmenter le personnel de la Mairie en ressources humaines pour effectuer les dépistages de maisons habitables et en construction (CFPB et permis de construire) et les dépistages d’entreprises fonctionnant dans la commune pour leur exiger un permis de fonctionnement municipal via le paiement d’une redevance, laquelle autorisation leur donnera annuellement droit à la patente de la DGI ;
  • Augmenter le personnel de voirie de la Mairie dans toutes les trois sections pour assainir régulièrement la ville et transporter les ordures dans le site de décharge provisoire.

Entre autres, suite à la consultation de quelques étudiants de ISTEAH sur ce sujet, Luc THELUS et al. estiment que des projets peuvent être réalisés à long terme avec la participation du gouvernement central et des bailleurs de fonds internationaux. De ces projets mentionnés, je cite :

  1. Extension de la route de l’aéroport du Cap-Haïtien en 4 voies aller et 4 voies retour (en somme huit voies) ;
  2. Aménagement d’un parking sur le boulevard de la rue 5 ;
  3. Relocalisation du Marché de la rue 9 à Milot ou Quartier Morin ;
  4. Aménagement du marché de tourisme de la rue 9 ;
  5. Reprise et aménagement de la place publique de la rue 3 (plus de marché sur cette place publique et à la Fossette).

En somme, avec des stratégies participatives intégrant la population capoise, la mise en œuvre de ces actions ne serait pas difficile. Car, des membres du secteur privé et de la diaspora aideraient dans le financement de certains projets. Le gouvernement et des bailleurs de fonds dans leur attribution renforceraient techniquement et financièrement la Mairie du Cap-Haïtien. La confiance qui sera créée chez les contribuables les inciterait à payer leurs redevances municipales. Donc, plus la Mairie du Cap-Haïtien offre des services à la population capoise, plus la population sera consciente de participer dans le développement local.

ÉDITEUR / ÉDITRICE

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