Les causes de l’échec de la dernière mission de la CARICOM en Haïti

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La dernière visite de la CARICOM du 12 au 16 septembre 2023 pour tenter de trouver une issue à la crise haïtienne démontre clairement la volonté de l’oligarchie haïtienne de continuer à régner en maître et seigneur sur la vie politique, sociale et économique en Haïti. D’un côté, ils tentent d’expulser avec Ariel Henry les secteurs hostiles à leur hégémonie dans la crise, spécialement l’Accord de Montana. D’un autre côté, ils jouent sur la carte de la diversion nationaliste et anti-impérialiste avec des personnalités et secteurs politiques qui n’ont aucun engagement réel pour matérialiser leurs discours sur le terrain.

Le principal problème est le maintien d’un discours par le Groupe Montana d’un discours indéfectible sur une transition de rupture visant à réguler les règles du jeu, casser les privilèges indus en vue d’une économie plus inclusive.

En d’autre temps, d’autres méthodes auraient été employées pour faire taire cette résistance. Aujourd’hui, le moment n’est pas pas opportun. Les projecteurs sont nombreux et éblouissants. Même leurs tuteurs commencent à les punir à travers des sanctions parce qu’ils ne leur ont pas demandé de détruire un pays à un point tel que le monde les critique pour leur complicité dans cette entreprise de prédation de tout un peuple.

La dernière visite de la CARICOM démontre clairement que ce secteur n’est disposé a réaliser aucune concession pour améliorer le climat des affaires, moderniser la vie politique en Haïti et résoudre durablement la crise.

Il y a un discours des organisations signataires de base l’accord Montana et d’autres secteurs politiques et sociaux qui dérangent. Le pays commence à être convaincu qu’on ne peut rien faire avec cette élite pourrie, dénommée l’élite la plus répugnante par les américains durant la décade 90.

La dernière arnaque visant à donner à Ariel Henry un troisième accord en marginalisant le Groupe Montana avec la complicité de la Cheffe de la mission onusienne en Haïti dans les pourparlers sur la crise est la plus grande preuve de l’oligarchie pour empêcher au pays de prendre la voie de la modernité et aboutir a une solution concertée.

C’et le même esprit du capitalisme de copinage qui nous ont foutus dans cette merde où nous sommes qui doit prevaloir. Le budget de la République doit recourir les grands salons de Pétionville et de Kenscoff avant d’être voté par les parlementaires corrompus, ils doivent continuer à imposer au pays des présidents, quitte à les assassiner à la moindre contradiction, ils doivent continuer à contrôler les ports et aéroports, nommer des fonctionnaires corrompus, capturer les institutions étatiques au profit de leurs monopoles.

Le discours du changement ne doit pas être arrêté. Il appartient aux Haïtiens de rechercher la solidarité dans le monde entier pour dénoncer cette élite corrompue dans la politique de chaos et ses associés du Core Group et de BINUH. On doit dénoncer cet esclavage silencieux auquel est soumis le peuple haïtien dans tous les medias dans le monde. Il est difficile pour l’opinion publique internationale de comprendre qu’une élite économique qui a des investissements, qui a pour mission de produire de la richesse puisse encourager un irresponsable, un bandit notoire comme Michel Martelly a briguer la magistrature suprême de l’État. 13 années après, je rêve et je continue à rêver.

Les règles du jeu économiques sont clairement établies. Les importations de fer et de ciment sont réservées aux familles Bigio et Baussan, les produits cosmétiques à la famille Deeb, la banque à quelques nantis comme les Braun et les Moscosso, les supermarchés aux familles d’origine arabe. Pendant que l’état quémande au niveau international et que des ambassades fassent don de vêtements usagés et de motos pour la police, l’état Haïtien accuse des manques à gagner faramineuses estimés à des milliards de dollars par an au niveau de la douane et du Fisc depuis 2012.

C’est ce construit qui a conduit le pays à cette voie de chaos. Comme adepte du matérialisme historique pour expliquer l’histoire, les questions de race et de couleur sont secondaires dans mes réflexions. Mais, on doit non plus tomber dans le déni pour ignorer l’importance de ces points dans la distribution de la carte de la richesse en Haïti.

En effet, la faillite provoquée de la Socabank en 2007 pour des motifs non économiques en grande partie sous le Gouvernement de Préval en 2007-2008 est très illustrative. Aujourd’hui, tout le monde se pose la question sur les sanctions imposées par le Canada, les États-Unis ou la République Dominicaine. Les personnes provenant de l’oligarchie sont en train de se recycler au sein d’un nouveau groupe puissant de l’Oligarchie dénommé Macaya, tandis que les entrepreneurs politiciens corrompus des classes moyennes avec autant de richesses et parfois même plus sont indexés et mis sur le rencart.

Le petit clan du secteur privé est jusqu’à présent toléré par l’international et a été à l’origine des manœuvres pour faire dérayer le dialogue des éminentes personnalités de la CARICOM dans la recherche d’une solution concertée à la crise.

Maria Isabel Salvador sur les traces de Madame Lalime

Madame Helen Lalime, ex responsable da la mission onusienne de 2018 a 2021, a encouragé la formation d’une fédération des gangs en Haïti. Cette décision qui a renforcé la violence des gangs, leur contrôle du territoire et la dynamique du chaos est l’œuvre de cette chevalière de l’apocalypse. En effet, sa remplaçante provenant d’un pays latino-américain qui aurait du manifester une plus grande compréhension suit malheureusement les traces de son prédécesseur. Sa mission se reduit à la consolidation du chaos entame par sa prédécesseure.

Le soutien de Maria Isabel Salvador à la politique destructive du Dr. Ariel Henry et des manœuvres de l’oligarchie rétrograde demeurent sans faille.

La solution à la crise est d’abord économique. Toute solution à la crise doit d’abord aborder les questions économiques qui consiste à créer une économie pour tous à travers le renforcement du système judiciaire pour combattre la corruption. De nouveaux entrepreneurs issus des haïtiens de l’étranger et l’apport de capitaux étrangers doivent contribuer à briser les monopoles par la création de nouvelles entreprises, la voie idéale pour une révolution de la croissance.

Des politiques publiques doivent être mises en place pour réaliser des investissements dans le domaine social et mater le phénomène de l’insécurité.

La Communauté internationale doit laisser aux haïtiens le soin d’orienter leurs politiques économiques et s’abstenir de considérer Haïti comme une république humanitaire. L’emphase doit être mise sur des investissements et non sur les ONG. Le lobby de la charité doit céder la place au lobby des investissements porteurs, car charité n’a jamais contribué au développement d’aucun pays.

Nous encourageons grandement les initiatives de décentralisation économiques suite à la fermeture unilatérale de la frontière par le Président Abinader. En effet nous tenons à féliciter les entrepreneurs agricoles pour dess initiatives dans ce secteur et ceux du Grand Sud pour l’importation d’une cargaison de ciment dans le port de Saint Louis du Sud, hautement combattu par les oligarques de Port-au-Prince. C’est un modèle à répliquer.

La solution n’est pas loin, touchons la plaie du doigt !

ÉDITEUR / ÉDITRICE

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Jean Gary DENIS
Jean Gary DENIS est Sociologue et Historien. Aussi, il est directeur exécutif de l'Institut Haïtien d'Observatoire des Politiques Publiques (INHOPP).
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