Haïti, la marche assurée vers le génocide silencieux du Core Group

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Depuis l’assassinat du Président Jovenel le 7 Juillet 2021, le chaos planifié et entretenu par ceux qui, à travers les différents pouvoirs qui se sont succédé depuis 2011, ont privé l’État des ressources nécessaires pour offrir à la population des services de sécurité et de justice, a pris un saut qualitatif. La violence des groupes criminels contre la société a pris un nouveau tournant et arrive à un point de non-retour. Tous les secteurs de la vie nationale sont frappés par cette violence. Les perspectives d’un génocide comme ce fut le cas sur d’autres continents se précisent de jour en jour et hantent considérablement la vie des citoyens qui émigrent vers d’autres pays.

Le responsable du centre GESKHIO, une ONG travaillant dans la lutte contre les infections et les épidémies, Dr Jean William Pape déclarait sur Radio France Internationale : « il y a un génocide qui se prépare ici et on laisse la situation pourrir, tout le monde à ce moment-là sera à genoux, et je crois qu’il est préférable d’éviter justement ce massacre, qui s’aggrave pratiquement tous les jours ». D’une part, il y a certes la responsabilité des élites économiques haïtiennes corrompues dans la construction de ce chaos, mais il est important de préciser que l’imminence de ce génocide est aussi bien le résultat de la politique du chaos des diplomates du Core Group durant ces dernières années. De ce fait, on ne doit jamais oublier que la fédération des Gangs armés a été l’œuvre de la chevalière de l’apocalypse, la représentante des Nations Unies, Madame Helen Lalim en 2020.

Aujourd’hui, les groupes criminels obtiennent une puissance de feu beaucoup plus supérieure par rapport aux forces de sécurité. En plus d’être sous dimensionné par rapport au standard des normes internationales sur le ratio Police et nombre Habitants, les policiers n’ont plus confiance dans la hiérarchie de leur institution et dans la gouvernance du pays. Certaines organisations de droits humains qualifient cette violence d’insécurité d’état et comme une stratégie de Gouvernance pour détourner l’attention de la population.

L’encerclement de Port-au-Prince par les groupes criminels est systématique, chaque jour ils gagnent de nouveaux territoires face aux forces de police qui sont contraintes d’abandonner leurs commissariats. Les organisations criminelles contrôlent la totalité de la région métropolitaine et tous les couloirs d’accès sur Port-au-Prince. Les massacres dans les quartiers populaires deviennent plus meurtriers. La grande majorité des entreprises ont déjà plié bagages ou fonctionnent au ralenti dans une économie déjà exsangue, les écoles et universités sont dysfonctionnelles et certaines villes de provinces font face à une grande vague de migration interne totalement incontrôlée. Malheureusement les politiques publiques priorisées par ce pouvoir en ce moment se résument à fournir des pièces d’identité pour favoriser le départ des haïtiens à l’étranger, inclus les membres de la police nationale qui sont privilégiés par des facilités à l’intérieur de certains commissariats. En effet, des centres de livraison de document de voyages sont ouverts sur tout le territoire national.

C’est dans ce contexte explosif empreint de cynisme que les extrémistes du chaos veulent forcer à tout prix l’application de leur agenda d’élections truquées comme celle qui a catapulté en 2011 au pouvoir, Michel Martelly le président le plus corrompu de toute l’histoire nationale. On ne s’étonne pas de constater le comportement de certains opérateurs du Core Group affichant une posture partisane sans aucun souci du respect des principes de la Convention de Vienne. Dans leurs condescendances et leurs réflexes d’ingérences, ils se comportent comme de véritables militants politiques pour manipuler l’opinion nationale et maintenir à la tête du pays le pouvoir sans résultats d’Ariel Henry. Nous savons pertinemment qu’on ne peut pas venir à bout de cette violence et réaliser un changement durable avec ce pouvoir qui a toujours donné les preuves de ses échecs et incapacités.

Les données les plus conservatrices des Nations Unies accusent un bilan de 531 personnes tuées et 300 blessées dans des violences liées aux groupes criminels de janvier à la mi-mars 2023. Selon le plus ancien quotidien d’Haïti « Le Nouvelliste », il y a eu plus de civils morts en Haïti qu’en Ukraine. Malgré ces statistiques catastrophiques, les questions de sécurité ne sont pas prioritaires pour la communauté internationale, peut-être les principes d’assistance à personnes en danger ne sont pas applicables pour ce pays de nègres.

En effet, la politique de sommets stériles sur la problématique haïtienne sans les haïtiens se poursuit. L’objectif vise à saboter les efforts nationaux de consensus, rejeter la responsabilité de la persistance de la crise sur les haïtiens dans une stratégie de renforcement du pouvoir en place. Jusqu’à présent le Canada peine à livrer une grande partie de commandes d’équipements blindés de la PNH depuis plus de deux ans malgré les grands promesses de millions pour soutenir la PNH. Nul besoin d’être magicien pour comprendre l’origine de l’affaiblissement de la police et la situation de chaos que vit Haïti en ce moment.

Les sanctions prises par le Canada contre certains membres du secteur privé et de la classe politique pour leurs complicités dans le climat de violence actuelle auraient été d’un apport considérable pour le pays. Malheureusement ces sanctions ne s’accompagnent pas de preuves tangibles pour permettre à la justice haïtienne de faire le relais et traquer les délinquants. Constat surprenant ! il n’existe pas de consensus au sein du Core Group dans le cadre de ces sanctions. On dirait que leur consensus est total seulement dans la propagation du chaos.

Dans ce contexte, il est important d’analyser le comportement des dominicains qui n’ont pris aucune mesure pour sanctionner les destructeurs d’Haïti. La République Dominicaine, est la 2ème destination après les Etats-Unis des richesses mal acquises d’Haïti. Pourtant rien n’est fait, malgré les appels de pacification d’Haïti du Président Abinader lors du dernier sommet des pays ibériques en République Dominicaine. En ce sens, plusieurs observateurs font ressortir les liens traditionnels et parfois familiaux des classes dominantes des deux côtés de l’ile, surtout celles d’origine levantine pour expliquer ce comportement.

Nous terminons en disant que les extrémistes du Core Group ne reculeront devant aucun obstacle pour l’aboutissement de leur plan de chaos a travers une démocratie sur mesure et des élections contestées pour imposer de nouveaux destructeurs a la tête du pays . La solidarité est une exigence humaine et constitue la plus grande valeur morale d’une humanité de paix. Evitons plus de morts, de blessés, de femmes violées, d’enfants orphelins et de déplacées, solidarisons avec Haïti, dénonçons la politique de chaos et combattons la marche assurée vers le génocide du Core Group.

ÉDITEUR / ÉDITRICE

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Jean Gary DENIS
Jean Gary DENIS est Sociologue et Historien. Aussi, il est directeur exécutif de l'Institut Haïtien d'Observatoire des Politiques Publiques (INHOPP).
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