Tandis que le nombre de scientifiques et de publications scientifiques issus d’Haïti était très faible au cours de la dernière décennie, depuis 2017, les universités haitiennes progressent assez bien dans le tabloïd des doctorats délivrés directement en Haïti. Ainsi, pour apporter des contributions scientifiques et sociales, des haïtiens travaillent corps et âme pour étudier les phénomènes haïtiens. C’est dans cette optique que Judson Joachim vient de soutenir sa thèse de doctorat en gestion des systèmes éducatifs avec une perspicacité hors paire. Judson Joachim a fait ses études doctorales à l’Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées d’Haïti (ISTEAH). Sa thèse porte sur l’analyse des perceptions du personnel éducatif du Nord et du Nord-Est d’Haïti sur les programmes du nouveau secondaire. Dans cette thèse, il a abordé principalement les programmes du nouveau secondaire. Suite à la soutenance de sa thèse, l’ISTEAH lui accorde le grade de docteur (Ph. D.) en éducation (spécialité : gestion des systèmes éducatifs). La soutenance a eu lieu ce mercredi 14 mai 2024 à 10 heures (heure de l’Est). Elle a été suivie par une centaine d’intéressés dans le domaine éducatif et de la recherche. Le jury de soutenance a été constitué de M. TOUSSAINT Pierre, Ph. D. (Président), M. JONNAERT Philippe, Ph. D. (Membre et Directeur de recherche), M. JULIEN Yrvings, Ph. D. (Membre et Co-directeur de recherche), M. BARRY Abdoulaye, Ph. D. (Banque africaine de développement, BAD), M. Jean Lucner TIMOGÈNE, Ph. D. (Membre), Mme OGÉ Fania, Ph. D. (Membre) et Madame SMITH Rose-Michelle, Ph. D. (Représentante de la direction des affaires académiques).
Biographie de Judson Joachim
Judson Joachim est né au Cap-Haïtien le 29 novembre 1989 dans une famille protestante évangélique. Très tôt, il allait perdre sa mère à l’âge de cinq (5) ans. Élevé par son père et sa belle-mère, il a passé un bon bout de temps à la ville du Cap-Haïtien. Cependant, comme son père est pasteur, pour répondre à sa vocation, il l’avait emmené avec son frère et ses trois frérots en milieu rural entre février 2004 et août 2009 dans une commune du nord-est d’Haïti appelée Vallières.
Sa famille d’origine est composée d’un pasteur, d’un agronome, d’un doctorant en médecine et d’un ingénieur civil en herbe.
Il est marié à l’ingénieur en agronomie Ania Charitable. Ils ont deux enfants : une fille, Marie Flore Ketsia Judnia et un garçon Florentino Anisson Paul, tous deux, Joachim.
Pour sa carrière pastorale, Judson était pasteur assistant entre 2013 et 2016 à Vallières. Depuis 2016, il est pasteur de l’Église Évangélique Baptiste de Samarie à Cap-Haïtien.
En ce qui a trait à l’enseignement, il a commencé de très tôt. D’ailleurs, il était encore au secondaire quand il faisait office d’instituteur en primaire. Depuis 2013, cette carrière lui était ouverte au niveau universitaire et ceci jusqu’à nos jours et, dans plusieurs universités du pays.
Monsieur Judson Joachim joue parfois le rôle de gestionnaire de programmes ou d’établissements dans le secteur universitaire. Il est fondateur d’une école biblique qui fonctionne complètement en ligne dans sept pays du monde : le Centre de Formation Biblique Hokma de la Caraïbe (CEFBHOC).
Parcours scolaire de Judson Joachim
Monsieur Judson Joachim a entamé ses études classiques au Collège Pratique du Nord. Il a eu quelques classes au Collège le Phare du Cap-Haïtien. Il a fréquenté le Lycée de Vallières et Le Collège Rayon d’Espoir du nord-est.
Parcours universitaire et professionnel
Après avoir laissé le nord-est, en 2009, il a commencé une étude de premier cycle à la Faculté de Théologie de l’Université Chrétienne du Nord d’Haïti (UCNH). Quatre ans plus tard, il a décroché sa licence. De plus, il a eu le temps de réaliser un cycle court en beaux-arts au sein de la même université en piano. Et aussi, une certification en Psychologie (relation d’aide) avec des professeurs canadiens afin de pouvoir travailler avec les traumatisés du cataclysme du 12 janvier 2010, grâce à la coopération de l’UCNH avec le gouvernement canadien.
Étant lauréat de sa cohorte en licence, Judson Joachim avait bénéficié d’une bourse d’études de travail pour boucler sa maîtrise en Théologie en 2015, soit deux ans après sa licence.
Peu de temps après, il a commencé à étudier avec l’ISTEAH, où il vient de terminer son doctorat en 2024 en Gestion de Système Éducatif (Éducation).
Par ailleurs, Judson est détenteur de plusieurs autres certifications en vidéographie, technique Windows, technopédagogie, informatique avancée et habilitation à diriger les recherches de l’AUF. L’État haïtien lui a aussi offert une attestation comme Ministre religieux depuis 2015 et un permis d’enseigner depuis 2014.
Publications
Judson Joachim est auteur de deux mémoires dont l’analphabétisme dans l’église (2013) et l’iconoclasme (2015) dans les concepts opératoires. Actuellement, il vient de publier sa thèse sur les changements de programmes éducatifs en 2024.
Il a aussi publié des livres avec les titres suivants: chrétiens ou dévots, exégèse vétérotestamentaire, correspondance administrative, cours d’initiation à la méthodologie de recherche, art oratoire, culte de l’église.
Judson détient plusieurs blogs où il publie régulièrement des articles sur la religion ou la recherche: https://www.judsonetmethodologie.unblog.fr et https://www.fondationaetj.unblog.fr
Résumé de la thèse (doctorale) de Judson Joachim
Depuis plusieurs décennies, les systèmes éducatifs se modifient dans plusieurs pays du monde. Haïti, depuis la réforme Bernard en 1979 n’était pas exempt de ces changements. Le plan de Bernard, comme Ex-ministre de l’Éducation du pays voulait toucher le système à plusieurs niveaux : linguistique, des cursus du fondamental et du secondaire… Cependant, le plan était si grand que pendant toute sa vie ou son mandat il n’a pas pu le concrétiser ou le voir implémenter entièrement. Ainsi, plusieurs autres plans allaient voir le jour afin d’étudier comment pallier cette situation. Lesquels plans, selon plusieurs chercheurs, ont échoué ou ont été appliqués au rabais dans leur visée de combler les retards de celui de Bernard.
Par exemple, la réforme Bernard avait l’intention de rénover le secondaire. Ce qu’en 2007 l’État haïtien via le MENFP a essayé dans certains coins du pays, actuellement partout et, dans toutes les institutions secondaires. Voilà pourquoi, l’analyse des perceptions du personnel éducatif du Nord et du Nord-Est d’Haïti sur les programmes du nouveau secondaire, se veut un outil qui met en exergue une radiographie des différentes perceptions du personnel éducatif dans deux des départements du pays sur la situation du secondaire en Haïti.
Car, avec les matériels didactiques qui si sont rares dans les écoles du pays, des institutions à plusieurs vitesses, l’inflation qui bat son plein, des enseignants comme tout être humain qui sont dans des cas réfractaires au changement, l’importance des technologies pour ce Nouveau Secondaire, la question d’école en milieu rural, le problème de recyclage, la variabilité des programmes éducatifs, cette thèse répond à la question suivante : Quelles perceptions le personnel éducatif des institutions scolaires haïtiennes du nord et du nord-est s’est-il construit à propos de la mise en œuvre des nouveaux programmes éducatifs dans le secondaire?
Par une démarche qualitative et deux schémas d’entrevue, un personnel éducatif (composé de 10 censeurs et de 10 professeurs du secondaire) était interrogé dans dix (10) écoles du nord et du nord-est d’Haïti. Voici ce que les résultats ont révélé :
En ce qui a trait à l’examen de la disponibilité des programmes éducatifs dans les institutions, pour les censeurs, on a découvert que certains ignorent ce qu’est un programme éducatif ; d’autres disent que c’est disponible mais, pas totalement ; certains les ont en format numérique ; tandis qu’une grande partie parmi les cinq catégories affirme qu’ils ne sont pas disponibles pour eux et un seul confirme qu’il a accès à ces programmes imprimés. Pour les enseignants, certains soutiennent les avoir reçus à l’aide d’une formation qu’ils avaient suivie avec le MENFP à Fort-Liberté ou, par un effort personnel tandis que, d’autres sont encore dans l’emploi des anciens programmes. Ce qui montre que les programmes ou certains programmes existent mais ne sont pas disponibles ou accessibles pour toute l’équipe-école en Haïti. De là, il est clair que le système applique au rabais et, en même temps, deux programmes éducatifs.
Quand-t-il s’agit de la description de l’avis du personnel éducatif sur la disponibilité des matériels didactiques des programmes du Nouveau Secondaire, on a remarqué que les censeurs d’études ont dévoilé trois cas : certains matériels sont disponibles au rabais par l’effort de la direction de l’établissement; d’autres aussi sont utilisés à l’école grâce aux efforts personnels des enseignants et pour le reste, les écoles n’ont pas les matériels. De leur côté, les enseignants affirment qu’ils sont dans la nécessité des matériels didactiques ; certains se démêlent pour les trouver ; un petit groupe en a accès au rabais et, pour le reste, c’est non. Selon ces données, on a vu et conclu que, des matériels didactiques existent mais, pas tous et en plus, certaines écoles les disposent et d’autres non. Entre autre, la majorité d’entre elles, selon les données chiffrées ne les ont pas encore.
Pour ce qui a lien à l’explication du personnel éducatif sur leur niveau d’acceptation des méthodes d’évaluation proposées par les nouveaux programmes du secondaire. D’après les censeurs, il y a un grand danger avec cette question de remédiation des apprenants, car, selon eux, plusieurs écoles l’utilisent pour admettre en classe supérieure les élèves même s’ils ne le méritent pas ; d’autres ont un problème avec l’annulation du Bac I ; un petit groupe condamne cette question d’évaluation par devoirs seulement pour la réussite des cours et enfin, le reste félicite ces programmes qui sont de préférence pour une tête bien faite. Car ils favorisent beaucoup plus la compréhension et la participation de l’apprenant dans la construction de son savoir, d’où le socioconstructivisme et le connectivisme. Quant aux enseignants, ils se plaignent de l’augmentation des textes à corriger à cause des devoirs ; certains sont comme les censeurs, contre l’annulation du Bac I ; ils félicitent aussi l’évaluation qui est axée sur la compréhension et, d’autres critiquent la question de remédiation. Bref, pour cet objectif, l’application des dernières théories d’apprentissage est appréciée par les deux groupes. Cependant, ils critiquent l’annulation du Bac I et la remédiation.
À propos de l’explication du niveau d’adaptation et d’applicabilité des nouveaux programmes par le personnel éducatif de ces institutions, des censeurs affirment que ce NS augmente leurs tâches avec le même salaire ; certains le voient comme une fiction ou un rêve et qui reste en dehors de la réalité du système ; d’autres y entrent petit à petit ; un groupe montre que leurs institutions n’ont pas les moyens pour l’appliquer et enfin, il y a quelques-uns qui disent que le pays n’est pas prêt pour l’implémenter et que ça dérange leur assiette budgétaire. Pour les enseignants, c’est d’abord un beau projet de programmes mais qui n’est pas bien implanté ; certains expliquent que le programme est trop exigeant pour un salaire si maigre ; d’autres témoignent qu’il crée le chômage alors que, le reste est encore dans l’utilisation des anciens programmes. En sus, on a constaté malheureusement que bon nombre d’entre eux sont encore dans l’Ancien Secondaire, et que certains n’appliquent le Nouveau qu’à un faible niveau ou au rabais.
