Au fil du temps, Haïti progresse dans le tabloïd des doctorats délivrés. Pour la fin de cette année, Jean Élifaite GUÉ vient de soutenir sa thèse de doctorat en éducation avec une perspicacité extraordinaire. Il a fait ses études doctorales à l’Institut des Sciences, des Technologies et des Études Avancées d’Haïti (ISTEAH). Sa thèse porte sur l’Analyse de la violence à l’école secondaire de l’arrondissement de Port-au-Prince : une étude de cas multiples de la relation des écoliers avec leurs camarades, les personnels de l’école et leurs motivations. Dans cette thèse, il a abordé principalement la violence scolaire, la famille, la communication familiale et la motivation scolaire. Suite à la soutenance de sa thèse, l’ISTEAH lui accorde le grade de docteur (Ph. D.) en éducation. La soutenance a eu lieu ce vendredi 12 décembre 2023 à 10 heures (heure de l’Est). Elle a été suivie par plus d’une centaine d’intéressés dans le domaine éducatif et de la recherche. Le jury de soutenance a été constitué de Mme OGÉ Fania, Ph. D. (Présidente), M. TOUSSAINT Pierre, Ph. D. (Membre et Directeur de recherche), M. PIERRE Samuel, Ph. D. (Membre et Co-directeur de recherche), Mme HAMEL Sylvie, Ph. D. (Université du Québec à Trois-Rivières), Mme BEAUMONT Claire, Ph. D. (Université Laval, Québec) et Madame SMITH Rose-Michelle, Ph. D. (Représentante de la direction des affaires académiques).
Biographie de Jean Élifaite GUÉ
Toute thèse a une histoire cachée. Dans cette dynamique, cette section explique la vie inspirante et le cheminement de Jean Élifaite Gué. Il est né le 15 décembre 1971 en Haïti, particulièrement à Haute Guinaudée, troisième section communale de Jérémie dans le Département de la Grand’Anse. Il vient d’une famille monoparentale matrifocale. Très tôt, il a été séparé de sa mère qui a dû se rendre à la Capitale (Port-au-Prince) à la recherche du travail. De ce fait, il a été confié à un oncle de sa mère, puis récupéré par son grand-père. Il a vécu chez ce dernier un début d’enfance très difficile.
En 1980, sa mère l’a fait rentrer à la Capitale. Depuis le premier jour de sa réunification familiale, il a fait la rencontre de son beau-père. Celui-ci va marquer le reste de son existence. Car, c’était un père retrouvé. Il prenait soin de lui et l’appréciait beaucoup. Cependant, leur relation sera très tendue à partir du moment où sa mère apprendra qu’il était un homme marié et père de plusieurs enfants. La suite de leur histoire sera ponctuée par de ruptures et des réconciliations jusqu’à sa mort, à la fin de mes études classiques.
En ce qui concerne son statut matrimonial, il s’est marié en 2008. De cette famille, il a trois enfants dont deux filles et un garçon.
Études classiques
Jean Élifaite Gué a débuté ses études primaires à l’École St. Pierre de Previlé, le centre de la section de Haute Guinaudée, en 1976. Ayant rejoint sa mère à Port-au-Prince en 1980 ; un jour, tandis qu’il gassouillait dans ses anciens livres, il lui demandait de l’aider à prononcer un mot. Elle a haussé les épaules pour lui dire ensuite qu’elle ne peut pas. Car, elle ne savait pas lire. Depuis lors, Éliphète eu une motivation incomparable pour les études.
Au cours de la même année de 1980, sa mère l’a inscrit au Collège Edmond Laforest, à Christ-Roi (Port-au-Prince), en élémentaire I. Après y avoir passé une année, un ami lui a conseillé de le transférer au collège Canapé-Vert. Dans cette école, il a fait les classes d’élémentaire II à Moyen II. Il a passé ses trois premières années du secondaire au collège Jean-Price Mars de 1987 à 1990. Enfin, il a achevé les quatre dernières années au Lycée Jean Jacques Dessalines, de 1990 à 1994.
Formation universitaire
Jean Élifaite GUÉ a effectué toutes ses études en Haïti. En effet, il a décroché son premier diplôme universitaire en communication sociale à la Faculté des sciences humaines (FASCH) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) en 2005. À la suite de cette formation, il a été admis au programme post-gradué de l’UEH de 2006 à 2009, d’où il a obtenu son diplôme de maîtrise en criminologie en 2012.
Jean Élifaite GUÉ ne se contentait pas de cette formation. Car, il a senti le besoin d’aller plus loin dans ses études. C’est ainsi qu’il a intégré l’Institut des sciences, des technologies et des études avancées d’Haïti (ISTEAH) en 2015. Il a opté pour les sciences de l’éducation, un domaine totalement opposé à ses formations antérieures. Il a dû s’en accommoder puisqu’il ne trouvait rien d’autre qui cadrait avec ses domaines de formation initiale.
Par stratégie, il s’est inscrit au niveau du Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en lieu et place du doctorat qui était son objectif principal. Par contre, il craignait de voir son inscription rejetée étant donné qu’il n’avait pas eu une formation de base en sciences de l’éducation. Plus tard, il avait eu la confirmation, par le biais du Docteur Samuel Pierre, qu’il avait bien visé en faisant ce choix.
Dans cette dernière institution, il a enregistré un parcours sans faute. Car, en 2017, il a décroché son diplôme de DESS en gestion des systèmes éducatifs. De là, il a poursuivi ces études à la maîtrise. Trois ans plus tard, soit en 2020, il a décroché son diplôme de maîtrise et, en 2023, celui du doctorat.
Publications
En 2015, il a publié un « Manuel d’Introduction à la criminologie » pour ses étudiants à la FASCH. La section suivante présente le résumé de sa thèse.
Résumé de la thèse
La présente thèse porte sur la violence des écoliers en milieu scolaire. À travers cette thèse Jean Élifaite Gué essaie d’expliquer ses origines. Cette recherche doctorale vise à rechercher dans l’environnement familial des écoliers les facteurs qui expliquent leur violence dans l’espace scolaire.
En effet, différents éléments ont été observés qui permettent d’élaborer la problématique de cette recherche : le déficit d’encadrement des écoliers par les enseignants, l’indisponibilité d’un climat serein propre à leur apprentissage, l’exposition des écoliers à la violence ambiante et la maltraitance dont ils sont l’objet dans leurs environnements social et familial.
Ces différents éléments de problématique ont permis la formulation de la question de recherche suivante : « Quels liens existe-t-il entre les types de familles, la communication familiale et la violence des écoliers au secondaire dans l’arrondissement de Port-au-Prince ? ».
La recherche a pour objectif principal de caractériser les liens qui peuvent se tisser entre le type de famille, la communication familiale et la violence des écoliers d’établissements du secondaire dans l’arrondissement de Port-au-Prince. Pour ce faire, une triangulation théorique (qui croise la théorie écologique de prévention de la violence, la théorie de l’association différentielle et une approche en communication) a été opérée.
Ensuite, la démarche qualitative a été adoptée en utilisant la méthode de l’étude de cas multiples. Les données ont été recueillies au moyen de quatre entretiens de groupe avec 31 écoliers dont 14 ont été sélectionnés par la suite pour des entretiens individuels. Puis, deux censeurs, un surveillant général et un directeur d’établissement ont été interviewés en vue de compléter le profil des écoliers. Après la transcription des entretiens, deux verbatims parmi les plus représentatifs du profil d’écoliers actifs dans la violence en milieu scolaire ont été retenus dans chaque école pour analyse.
Les données ont été analysées selon le modèle de Gaudrau (2011). Les résultats révèlent que les familles nucléaires sont en majorité dans l’émergence d’écoliers actifs dans la violence scolaire. Par contre, la famlle monoparentale élargie génère l’écolier le plus actif et la monoparentale simple, la moins active. En outre, les familles à revenu faible sont également majoritaires. Enfin, la motivation des écoliers n’a aucune influence sur leur violence en milieu scolaire. Par ailleurs, les mères ont beaucoup plus tendance à influencer négativement leurs enfants. Le modèle théorique adopté permet d’établir un lien entre la violence apprise dans la famille et son exercice en milieu scolaire.