Alors qu’il est une personnalité très connue dans le champ ethnologique en Haïti, Jean Yves Marie Blot vient de soutenir sa thèse de doctorat en sciences humaines et sociales (spécialité : anthropologie) avec mention très honorable. Jean Yves Marie Blot a fait ses études doctorales à l’École doctorale de l’Université d’État d’Haïti (UEH). Tandis que sa thèse porte sur les sosyete vodou, le champ de recherche qu’il a étudié inclut l‘ethnologie et l’anthropologie. Suite à cette soutenance, l’UEH lui accorde le grade de docteur (PhD) en Sciences humaines et sociales. La soutenance a eu lieu ce mercredi 25 octobre 2023 à 10 heures (heure de l’Est). Elle a été suivie par une centaine d’intéressés en présentiel et en ligne. Le jury de soutenance a été constitué de Jean Casimir (Université d’état d’Haïti, Président), Marc Maesschalck (Université catholique de Louvain, Belgique, examinateur externe, membre), Kate Ramsey (University of Miami, examinatrice externe, membre), Nathalie Luca (CéSor, CNRS/EHESS, co-directrice, membre) et Laennec Hurbon (Université d’état d’Haïti, co-directeur, membre).
Biographie de Jean Yves Marie Blot
Jean-Yves Marie BLOT est anthropologue. Il est titulaire d’une maîtrise d’anthropologie obtenue à l’Université de Montréal. Actuellement, il vient de soutenir sa thèse de doctorat en Sciences Humaines et Sociales de l’École doctorale de l’Université d’État d’Haïti.
Après avoir été Directeur Général du Bureau National d’Ethnologie du Ministère de la Culture et Vice-doyen à la Recherche à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’État d’Haïti, il fut Doyen de cette Institution. Sa thèse doctorale porte sur les sosyete vodou en Haïti que l’on pourrait considérer comme des organisations secrètes dans le monde du vodou. Ces sosyete se fondent sur les notions de communauté, de violence et de secret et jouent, en même temps, les fonctions de policiers et de justiciers. De là vient le rapport entre sosyete, vodou et zombification.
Jean-Yves Marie Blot participera à renforcer les échanges et les liens institutionnels entre le CéSor et la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’État d’Haïti, en particulier pour renforcer l’enseignement des sciences sociales du religieux dans son établissement, où les demandes de formation sont importantes et les forces enseignantes à disposition restreintes.
Contribution scientifique et sociale de sa thèse
D’après la thèse de Jean Yves Marie Blot, les sosyete vodou sont au confluent du monde de la magie, de la sorcellerie et d’organisations secrètes évoquant des sentiments de peur et de frayeur avec, pour sous-entendu, des crimes, des scènes d’homicide et d’infanticide, des métamorphoses en tel animal ou tel arbre, des faiseurs de zombi, des personnes avec capacité d’ubiquité.
Pour réaliser cette recherche, Jean Yves Marie Blot utilise une méthodologie spéciale (observation participante) adaptée au sujet de recherche en vue d’approcher cette dimension du vodou. En ce sens, quinze années ont été nécessaires pour que Jean Yves Marie Blot soit accepté au sein du Péristyle de Anpèrè Sonson, pour pouvoir s’y initier et participer aux célébrations. Il lui fut quinze années d’observation participante. Pour Jean Yves Marie Blot, il s’agissait de sortir de l’approche traditionnelle Ginen du vodou (vodou makout, vodou asogwe, vodou lakou) pour toucher sa dimension Bizango. Car, pour sa part, Ginen pa Bizango.
Sa question de recherche vise la spécificité des bizango et est la suivante : Quelle est l’originalité des « sosyete vodou » dans leur structure et leur fonctionnement ? La recherche ethnographique inscrite dans cette temporalité lui a permis de dépasser le symbolisme (zo mò, tèt mò, madoulè) et l’imaginaire rempli de préjugés qui touchent les sosyete vodou et en compliquent l’accès scientifique : la dimension bizango est pensée en effet comme un monde de peur et de secrets dont les pouvoirs seraient néfastes pour les relations sociales.
Par contre, la recherche doctorale de Jean Yves Marie Blot estime que les sosyete vodou constituent un haut lieu populaire de sociabilité et même une organisation de résistance et de lutte qui s’est construite en s’appuyant sur des formes initiatiques, une structure hiérarchisée comportant des titres divers, des activités propres, un engagement social dans le domaine de la santé, un esprit rebelle, des personnalités fortes et fières avec un sens de l’honneur et de la dignité, ainsi que sur des exigences de solidarité et d’entraide. Pour lui, les sosyete vodou constituent, de fait, une tradition qui se maintient à travers la préservation de leur identité dans un contexte intra et extra-vodou.