Les origines scientifiques de la spiritualité africaine

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La physique quantique, encore appelée physique des particules et des phénomènes infiniment petits par rapport aux phénomènes infiniment grands comme les étoiles et les galaxies, démontre que les particules de la matière ne sont pas inertes et constituent des éléments animés et vivants. Cette nouvelle discipline en vogue est à la base d’un ensemble de nouvelles découvertes dans des secteurs de pointe comme : l’Astrophysique, la Biologie Moléculaire, la Génétique, etc. Les recherches effectuées dans le cadre de cette discipline prouvent que l’électron a une pensée, une âme, une intentionnalité et influence fortement notre spiritualité. L’expérience d’Aspect sur le phénomène d’intrication quantique et des hypothèses de non-localité atteste que désormais l’invisible fait partie de la réalité rationnelle et remet en question la théorie de la relativité d’Einstein sur la vitesse limite de la lumière.

Naturellement la civilisation négro-africaine de l’Egypte Ancienne (Kemet) avait déjà devancé les conclusions de la physique quantique, car elles avaient toujours cru qu’un esprit était présent dans chaque matière et vice versa. En ce sens, Frankétienne à l’émission, Des livres et vous, du 17 mai 2019 sur Radio Caraïbes a évoqué le principe de la matérialité de l’esprit et de la de la matière. Cette cosmogonie animiste a été toujours vue de travers par l’ignorance et l’arrogance des occidentaux qui n’ont jamais raté l’occasion pour nous qualifier avec des propos les plus horribles : barbares, sauvages, non civilisés, rétrogrades, etc. Qu’ils vous déciment et vous réduisent en esclavage, seules leurs connaissances étaient scientifiques, seules leurs civilisations étaient authentiques. Les connaissances des autres ne sont que de simples mythes, comme si les mythes n’étaient pas conformes à certaines vérités scientifiques comme le prouvent les avancées scientifiques d’aujourd’hui.

Cheik Antha Diopp, savant et Homme politique sénégalais, l’un des précurseurs de l’Afrocentricité disait toujours que tout est à Kemet . Les travaux de Diopp ont toujours démontré l’importance et la contribution indéniable de la civilisation négro-africaine à la science, à la culture et à la civilisation mondiale. Pour le savant, l’Afrique est le berceau de l’humanité et a toujours été à l’avant-garde du développement d’un ensemble de disciplines scientifiques comme la Chimie, l’Architecture, les Mathématiques, etc. C’est une civilisation qui a toujours été fascinée par la science et la nécessité d’apporter des réponses scientifiques aux phénomènes de la nature. Cette fascination a toujours façonnée et structurée la spiritualité africaine, c’est ce qui explique le lien entre les divinités, les mythes avec les procédés scientifiques. Dans son ouvrage, De la cosmologie quantique à la symbolique de Dieu, Mbog Bassong, intellectuel camerounais et professeur d’université affirmait : « Des recherches probantes nous fondent à penser que les Africains ont toujours entrevu la question de Dieu sous l’angle d’une réflexion scientifique, en rapport avec l’état du savoir aux diverses époques de l’histoire. Dans l’ensemble: pas de messie, pas de prophète, pas de révélation, pas de dogme…». Aujourd’hui, le vaudou qui constitue l’héritage le plus vivant de la spiritualité africaine se base sur les principes scientifiques. En effet, l’homme à l’intérieur de l’univers dans le Vodou est considéré comme un être cyclique et cosmique. En ce sens, l’égrégore Vaudou est articulé autour de ces 4 grands éléments universels de l’énergie cosmique : l’eau, la terre, le feu et l’air.

Les esprits de l’Eau dans le Vodou haïtien sont constitués de Danbalah , Aida Wedo et des esprits de l’Escorte Simbi qui sont les gardiens des sources d’eau. Dans le Fon dahoméen, le Dieu suprême de l’eau est Dan symbolisé par un serpent. L’eau incarne la vie, elle est à la nature ce que le sang est aux humains. « Nous mourrons tous » disait Délira pour exprimer sans préoccupation contre la sècheresse au niveau de sa communauté de Fonds Rouge. Les propriétés de l’eau sont immenses et a une importance capitale dans le vodou. L’eau qui a lavé le sang de Manuel, sacrifié à sa recherche, est toujours versé au sol comme offrande dans le vodou non seulement pour saluer l’Alma mater qui est cette mère nourricière, mais pour rétablir l’équilibre cosmique avec la chaleur produite par le Feu.

L’élément feu dans la cosmogonie vodou est aux antipodes de l’eau. Dans le vodou haïtien, il est représenté par les esprits Ogou vénérés dans le Lakou Badjo chaque 6 janvier. Ils symbolisent le feu de transformation des métaux, la guerre au combat, le 3ème œil qui fournit la lumière. Herviosso est le Dieu suprême du feu dans le vodou Fon dahoméen. Il porte une hache de tonnerre», une sorte de pierre météorique qui symbolise la Puissance et qui châtie par la foudre les malfaiteurs, les sorciers, les esclavagistes etc…

L’air constitue un élément indispensable à la vie des êtres vivants, il joue le rôle d’intermédiaire entre le feu et l’eau. Il reçoit du feu, la propriété de la chaleur et de l’eau, la fraicheur pour maintenir l’équilibre de vie. Les esprits de l’air dans le vodou haïtien sont représentés par Loko et son escorte, Agawou, Briz, etc. Dans Fon, le Dieu de l’air est Ayidoh Wedo. L’air est constitué de deux serpents entrelacés, l’un représente le pôle positif et l’autre le pôle négatif. Ces esprits sont très présents dans les sociétés secrètes et ont un aspect ésotérique très poussé. Aujourd’hui l’occident commence à se rendre compte qu’à travers des phénomènes de non localité et d’intrication quantique, de la probabilité de la téléportation de la matière, très prisée dans les sociétés secrètes du vodou haïtien.

La croissance, le vieillissement et la destruction de l’enveloppe corporelle de tout ce qui existe dans l’univers sont gouvernés par la Terre. Dans le Vodou Fon, Sakpata est le Dieu de la terre, il commande l’action des autres éléments cosmiques. La terre est ce grand champ cyclique d’où viennent et se retournent toutes les choses de l’univers. La terre reçoit les morts pour perpétuer la vie sous d’autres formes. Dans ce cadre, Lavoisier disait : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. C’est en vertu de ce principe que le vodouisant considère les humains comme des Vèditè, c’est-à-dire des humains qui vont se transformer en ver de terre pour nourrit la terre et perpétuer la vie sous d’autres formes. C’est cette raison scientifique qui explique que les vodouisants ne prient pas pour le repos de l’âme, souhaitent plutôt bon départ aux morts pour la nouvelle phase de vie née de la désagrégation et de la reconstitution des atomes, constituant ainsi une vie nouvelle.

L’étude des religions comparées démontrent qu’ils existent un grand déficit de spiritualité dans les religions abrahamiques (Islam, Christianisme et Juives), appelées révélées, par rapport aux autres religions animistes comme des religions négro-africaines, religions asiatiques comme le confucianisme, et Bouddhisme, et les religions des aborigènes amérindiens. Ces dernières ont basé leur spiritualité sur les connaissances scientifiques et leurs relations avec la nature.

La genèse des religions abrahamiques se trouve toujours au carrefour des grands faits politiques et économiques et se caractérise par leur exclusivisme et leur intolérance contre les autres civilisations. La doctrine chrétienne trouve son ferment dans le premier concile œcuménique de Nicée du 20 mai au 25 juillet 325, par l’Empereur Constantin 1er. Cette rencontre vise le rétablissement de l’unité politique de l’empire face aux autres concurrents. Cyprien, évêque de Carthage (env. 200-258), a été le fer de lance de l’exclusivisme chrétien il disait en réponses claires aux apostats de l’église : “En dehors de l’église, point de salut“, c’est à dire même ceux qui n’ont pas été en contact avec l’évangile seront ravagé par le feu de la géhenne éternelle. Dans l’islam, l’apostasie est traitée avec la plus grande rigueur. Le verset 217 de la 2ème sourate du Coran promet un châtiment divin à ceux qui quittent l’Islam. Certains Hadiths (paroles attribuées à Mahomet) ne se contentent pas d’une condamnation post-mortem, ils vouent à une mort immédiate ceux qui quittent cette religion.

En plus, il faut dire que l’Islam et le Christianisme ont supporté activement l’esclavage et fourni leur caution morale pour les traites négrières arabes et chrétiennes. En effet, Nicholas V en date du 8 janvier 1454 a autorisé les puissances Européennes à conquérir les territoires africains pour les réduire en Esclavage. A travers cette décision, l’église catholique a légitimé la traite en s’impliquant directement dans le partage des prédations négrières et en étant aussi bénéficiaire économique et confessionnel de cette traite. D’un autre cote, la traite negrière de la mer rouge était beaucoup plus violente que celle transatlantique, par exemple les arabes pratiquaient la castration sur les esclaves afin d’éviter aux noirs de se reproduire en terre d’islam.

CONCLUSION

« La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au progrès général de l’humanité et à se rapprocher des autres peuples en connaissance de cause » disait Check Anta Diopp. Cette réflexion est inscrite dans le fameux concept de plénitude culturelle pour réhabiliter notre culture, notre histoire, notre spiritualité et notre apport à la civilisation. Dans ce cadre, l’accomplissement de l’acte fondateur de 1804 demeure sans conteste dans l’histoire de l’humanité l’un des plus grands apports à une civilisation de libertés et d’émancipation de la race humaine. Malheureusement, cet apport a été combattue systématiquement et notre foi dans une humanité plus équitable a été vilipendée, ignorée et bafouée par un occident raciste. Dans ce cadre, la réhabilitation de notre spiritualité nous permettra de nous murir, d’avoir confiance en nous-mêmes, car ne on peut prétendre atteindre le développement dans la langue, la culture et la religion et la spiritualité des autres.

AUTEUR

Jean Garry Denis
Directeur Exécutif,
Institut Haïtien d’Observatoire de Politiques Publiques (INHOPP)

ÉDITEUR / ÉDITRICE

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Jean Gary DENIS
Jean Gary DENIS est Sociologue et Historien. Aussi, il est directeur exécutif de l'Institut Haïtien d'Observatoire des Politiques Publiques (INHOPP).
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