Haïti : Plus de 70 morts recensés suite à l’explosion d’un camion citerne

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C’est un pays qui face déjà à la misère et aux gangs, à la rareté de carburant depuis deux ans et à l’instabilité sociopolitique chronique. En Haïti, l’irresponsabilité et la perte de patriotisme des autorités au plus haut niveau administratif bat dans la corruption, le désordre et le cynisme. À cela, ajoute les catastrophes naturelles (tremblement de terre, cyclones, incendie, etc.). Suite au drame provoqué par l’explosion d’un camion de carburant précisément à Carrefour Samari dans la deuxième ville d’Haïti au Cap-Haïtien, déjà, environ 70 morts sont recensés suite à l’explosion de ce camion citerne, des dizaines de blessés et de maisons sont incendiées incendiées.

Il n’y a pas de cause sans effet. Car, l’extrême pauvreté dans laquelle survit plus de 60 % d’Haïtiens et la mainmise des gangs sur le pays ont aggravé le bilan de l’explosion, mardi, d’un camion-citerne dans la deuxième ville d’Haïti lors de laquelle au moins plus de 70 personnes sont mortes. C’est une population qui vit dans une extrême pauvreté.

Selon Patrick Almonor, maire-adjoint de la ville du Cap-Haïtien, le chauffeur du camion-citerne aurait tenté d’éviter une collision avec un taxi-moto, perdant ainsi le contrôle de son véhicule qui s’est renversé. Alors que la camion citerne s’est renversé au cours de la nuit, en pleine crise de carburant en Haïti, la population locale allait recueillir la gazoline au niveau de cette citerne du camion.

D’après les informations recueillies auprès des populations locales de la zone de l’incident :

Le chauffeur a aussitôt averti à la foule en quête de carburant des risques potentiels, mais des personnes ne l’ont pas cru et, au contraire, allaient rechercher des marteaux et autres outils pour pouvoir percer la citerne et récupérer la gazoline

Ce qui constitue un cruel manque de formation de la population qui pense pouvoir manipuler des produits pétroliers de n’importe quelle manière. Car, le carburant est devenu de l’or aujourd’hui dans le pays et là, c’était carburant gratis : c’est ce qui a aggravé le bilan.

Plus de soixante dix (70) personnes ont été tuées sur les lieux de l’explosion et plusieurs autres sont décédées à l’hôpital à cause des suites de leurs blessures compliquées. Une cinquantaine de blessés ont été pris en charge dans plusieurs hôpitaux à travers le pays et la situation critique de certains laissent craindre un bilan encore plus conséquent de cet accident.

Il est à mentionner que si des riverains de l’accident ont été tués dans leur domicile, la majorité des gens morts étaient autour de la citerne à prendre du carburant. Rappelons qu’Haïti est un pays miné par les catastrophes naturelles et l’instabilité politique, plus de 60% des 12 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, d’après les données de la Banque mondiale.

En effet, les autorités haïtiennes manquent régulièrement de liquidités pour honorer les factures des distributeurs de produits pétroliers. Ainsi, les pénuries de carburant ont été récurrentes ces dernières années, mais la crise a pris une toute autre ampleur à la fin de l’été. En septembre 2021, les gangs de la capitale politique du pays, longtemps cantonnés aux bidonvilles de Port-au-Prince, ont pris le contrôle des axes routiers qui conduisent aux trois terminaux pétroliers centralisés dans la capitale politique que compte uniquement le pays. À cela, plus d’une dizaine de véhicules de transport de carburant ont été détournés par les bandes armées qui ont exigé de fortes rançons pour la libération des chauffeurs. Le kidnapping en Haïti s’adjoint à cette crise dans la capitale du pays. Cette mainmise accrue des gangs à travers le pays met plus largement en péril tout transport entre Port-au-Prince et les villes de province dont la ville du Cap-Haïtien.

En termes de géographie et de transport public, deux routes nationales (#1 et #3) relient Cap-Haïtien à la capitale politique du pays, mais l’une d’elle (route #1) traversant une zone contrôlée par un groupe criminel opérant dans le kidnapping. Le trafic de marchandises est aujourd’hui concentré sur l’axe #3 qui traverse la chaine de montagnes située au centre du pays (Plateau central). On doit signaler que des bandits bloquent parfois cette route nationale #3 du Plateau central et, à ce moment-là, aucun véhicule ne peut sortir de la capitale et rejoindre la capitale. Ce à cause des politiques de centralisation initiées en Haïti depuis l’occupation américaine en 1915. Les provinces haïtiennes comme Cap-Haïtien (deuxième ville du pays) dépend directement de Port-au-Prince en dépit que qu’elles détiennent également de quelques ports maritimes et aériens. Cap-Haïtien ne possède pas son propre terminal pétrolier depuis l’après la période des Duvalier.

En conséquence, la disponibilité des produits pétroliers n’est pas garantie et cela pousse les gens et organisations à en stocker soit pour le fonctionnement de leur entreprise ou pour la revente au marché noir dans une ville ayant une population de plus de 300,000 habitants.

Dès ce mardi 14 Décembre 2021, le premier ministre de facto, Ariel Henry, s’est rendu sur le lieu de l’accident et a décrété trois jours de deuil national, mais les organisations de la société civile craignent qu’aucune leçon ne soit prise pour éviter la répétition d’un tel drame. Suite à cet incident, des personnes qui dormaient chez elles sont mortes calcinées et des survivants blessés peinent à recevoir les soins de santé car il n’y a pas d’hôpitaux spécialisés dans la région. C’est aussi une ville ayant une menace de tremblement de terre.

AUTEUR

Marc-Donald VINCENT

Ingénieur agronome, M.Sc.

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