Donald Trump 2025 : une réélection qui secoue les fondements de la démocratie américaine

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La réélection de Trump en 2024 et sa présidence en 2025 pourraient marquer un tournant historique dans la politique américaine, et ces événements méritent sans doute une analyse minutieuse, approfondie, tant par leurs enjeux internes qu’internationaux.

Loin de constituer un simple retournement de situation politique, cette victoire serait, en effet, une réponse directe aux échecs perçus du parti démocrate sous la direction de Joe Biden et Kamala Harris. Les Américains, en réélisant Trump, confirmeraient peut-être une désillusion profonde envers la gestion de la guerre en Ukraine, la crise migratoire, et les tensions géopolitiques mondiales.

L’un des principaux axes d’analyse repose sur l’échec du parti démocrate à apporter des solutions concrètes aux crises internationales et internes.

La guerre en Ukraine, un conflit toujours plus complexe et meurtrier, a laissé de nombreuses questions sans réponse, et la politique de Biden semble avoir exacerbé certains des problèmes plutôt que de les résoudre. En cela, Trump apparaît aux yeux de certains comme un homme capable de redresser la barre, notamment par ses relations internationales plus pragmatiques, notamment avec Vladimir Poutine. L’ex-président a toujours défendu une approche moins interventionniste, prônant des négociations directes et des accords de paix, un point crucial dans un monde de plus en plus polarisé.

Plus encore, l’échec démocrate dans la gestion de la crise migratoire, entre fermeté et confusion, a poussé de nombreux électeurs à se tourner vers un Trump qui, malgré ses positions controversées, est perçu comme une figure de stabilité et de force. « Trump a gagné le scrutin, » diront certains analystes, « parce qu’il est celui qui peut représenter les aspirations des Américains face à un monde de plus en plus menaçant. »

L’ironie de cette réélection, cependant, réside dans la question du respect des verdicts des urnes par le camp démocrate. Le respect de ce verdict, c’est avant tout une leçon de démocratie. Cependant, la question de la véritable nature de la démocratie en Amérique, si elle se laisse guider par les ambitions personnelles, reste ouverte.

Kamala Harris, vue par une frange importante de l’électorat comme une figure de faible stature face aux tensions mondiales actuelles, ne semble pas être perçue comme capable de répondre aux crises majeures du moment, qu’il s’agisse de la guerre israélo-arabe ou du conflit Russie-Ukraine.

Mais la victoire de Trump pourrait aussi signifier la fin d’une époque. Certains experts prévoient qu’il pourrait être le dernier président des États-Unis à exercer un pouvoir aussi centralisé et influent, dans un contexte où les décisions importantes sont souvent prises en dehors du cercle présidentiel, par des think tanks et autres institutions influentes.

Le slogan “Make America Great Again”, popularisé par Donald Trump, a résonné profondément dans le cœur de millions d’Américains, qui voient en lui un moyen de retrouver la grandeur de leur nation.

Pour beaucoup, Trump est perçu comme un sauveur, une figure capable de restaurer les valeurs fondamentales américaines et de ramener l’Amérique à un âge d’or qu’ils estiment perdu. Ce retour à la grandeur n’est pas seulement une question de politique économique ou militaire, mais aussi de réaffirmation d’une identité nationale fondée sur des principes conservateurs : l’exceptionnalisme américain, le patriotisme et la liberté individuelle.

L’ascension de Trump a coïncidé avec une période de mécontentement croissant face à la mondialisation, aux inégalités économiques et à un sentiment de perte de contrôle national. Beaucoup d’Américains se sont sentis délaissés par les élites politiques et économiques, d’où un soutien massif à Trump, qui promettait de défendre les intérêts de l’Amérique contre les influences extérieures et de renforcer la classe moyenne.

Ce sentiment a été particulièrement fort dans les États dits “déchus”, où l’industrie traditionnelle s’est effondrée sous les coups de la délocalisation et des avancées technologiques. Trump, avec sa rhétorique nationaliste, a su capter ce mécontentement en se présentant comme un homme du peuple, opposé à un système politique qu’il qualifie de corrompu.

L’idée de “grandeur” que Trump évoque va au-delà de la politique économique. Elle fait référence à une Amérique forte, respectée et souveraine, en rupture avec l’influence grandissante des institutions internationales et des accords multilatéraux.

Par exemple, ses décisions de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat et de renégocier des accords commerciaux ont été vues comme des gestes de souveraineté, visant à restaurer le pouvoir de décision des États-Unis.

Cependant, cette vision de la grandeur américaine, à travers Trump, est aussi critiquée pour son caractère exclusif. Les politiques de restriction migratoire, les réformes fiscales et la politique étrangère isolacionniste ont alimenté des divisions profondes au sein de la société américaine, où la notion de “grandeur” semble parfois synonyme de retour à un passé idéalisé, et non d’une évolution inclusive de la nation.

En somme, Trump incarne pour beaucoup d’Américains l’espoir d’un retour à des valeurs anciennes, perçues comme synonymes de prospérité et de respect international. Son retour définitivement certain à la Maison Blanche, en 2025, pourrait être vu comme la quête d’un renouveau dans cette lutte pour “rendre l’Amérique grande à nouveau”. Mais la question demeure : quelle grandeur ?

Celle d’un passé révolu ou celle d’un avenir renouvelé, capable d’intégrer les diversités d’une nation en constante évolution ?

L’élection de Trump, bien que susceptible de changer certains aspects de la politique étrangère, n’inversera sans doute pas les grandes orientations géopolitiques de la nation, déjà solidement ancrées.

Le 20 janvier 2025, Trump sera donc intronisé, marquant ainsi un nouveau chapitre dans l’histoire de la politique américaine, un chapitre où la décentralisation du pouvoir et la montée en puissance d’intérêts plus globaux redéfiniront l’exercice de la présidence.

Une chose est certaine, l’ombre de Trump continuera de planer sur la République américaine pendant longtemps.

Auteur / autrice

  • Antoine Nérilus est Enseignant, Normalien Supérieur, traducteur, interprète, diplômé en Gouvernance de l'État. Il a un Master en Sciences Politiques. Il est spécialisé en langues, lettres et politique.

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